Retrouveztout ce que vous devez savoir sur le livre Le Spleen de paris de de Charles Baudelaire : résumé, couverture, notes et critiques des membres Kifim. avec Créer un compte | Se connecter Films. En VOD. Sur Netflix. Sur Primevideo. Sur Disney+. Sur Apple Tv. Sur Mubi. Trouver des films. Films populaires. Au cinéma. Films cultes. Les tops films. Recherche avancée. Films du
Le GĂąteau » est extrait de ce recueil oĂč il prend la quinziĂšme place. Il se prĂ©sente comme une petite histoire : le poĂšte raconte une scĂšne Ă laquelle il a assistĂ©, et de laquelle il tire une morale. Ă cause d'un simple morceau de pain, deux enfants pauvres se battent violemment devant les yeux d'un Charles Baudelaire dĂ©solĂ©.
PETITSPOĂMES EN PROSE. Ćuvres complĂštes de Charles Baudelaire , Michel LĂ©vy frĂšres. , 1869 , IV. Petits PoĂšmes en prose, Les Paradis artificiels ( p. 469 - 470 ). PETITS POĂMES EN PROSE.
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Lavie et la crĂ©ation de l' enfance Charles Baudelaire (si son nom dans l' histoire littĂ©raire) Ă©tait le seul fils de la fin du second mariage des riches, l' art et la littĂ©rature ancienne Gazzetta administrative Joseph-François Baudelaire (1759Ă Âą Ă, ÂŹ «
Letitre Petits PoĂšmes en prose est celui de lâĂ©dition posthume de 1869. Mais Baudelaire lui-mĂȘme avait Ă©voquĂ© Ă plusieurs reprises le titre Le Spleen de Paris pour dĂ©signer le recueil quâil complĂ©tait au grĂ© de son inspiration et de ses publications. Consulter la version texte de ce livre audio.
uDffRZs. Le Spleen de Paris, Ă©galement connu sous le titre Petits PoĂšmes en prose, est un recueil posthume de poĂšmes en prose de Charles Baudelaire, Ă©tabli par Charles Asselineau et ThĂ©odore de Banville. Il a Ă©tĂ© publiĂ© pour la premiĂšre fois en 1869 dans le quatriĂšme volume des Ćuvres complĂštes de Baudelaire par l'Ă©diteur Michel Levy aprĂšs la mort du poĂšte. Historique Les cinquante piĂšces qui composent ce recueil ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©es entre 1857 Le CrĂ©puscule du soir et 1864. Une quarantaine d'entre elles ont paru dans divers journaux de l'Ă©poque selon la volontĂ© de Baudelaire, une partie des poĂšmes ont Ă©tĂ© publiĂ©s dans la revue littĂ©raire L'Artiste, dirigĂ©e par son ami ArsĂšne Houssaye auquel il dĂ©die son Ćuvre, et une autre dans des journaux Ă grands tirages comme La Presse ou Le Figaro. Selon une lettre de 1862 qui sert de dĂ©dicace aux Ă©ditions postĂ©rieures[1], Baudelaire a Ă©tĂ© inspirĂ© en les Ă©crivant par l'exemple d'Aloysius Bertrand. J'ai une petite confession Ă vous faire. C'est en feuilletant, pour la vingtiĂšme fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit d'Aloysius Bertrand un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, n'a-t-il pas tous les droits Ă ĂȘtre appelĂ© fameux ? que l'idĂ©e m'est venue de tenter quelque chose d'analogue, et d'appliquer Ă la description de la vie moderne, ou plutĂŽt d'une vie moderne et plus abstraite, le procĂ©dĂ© qu'il avait appliquĂ© Ă la peinture de la vie ancienne, si Ă©trangement pittoresque[1].» Les dix poĂšmes restant ont Ă©tĂ© publiĂ©s Ă titre posthume entre 1867 et 1869. Le Port, petit poĂšme en prose, piĂšce XLI - Manuscrit de Baudelaire. Le titre Petits PoĂšmes en prose est celui de l'Ă©dition posthume de 1869. Mais Baudelaire lui-mĂȘme avait Ă©voquĂ© Ă plusieurs reprises le titre Le Spleen de Paris pour dĂ©signer le recueil qu'il complĂ©tait au grĂ© de son inspiration et de ses publications. S'il imagina plusieurs titres successifs, sa correspondance atteste clairement son choix pour le titre Le Spleen de Paris qui se rapproche des titres de deux parties des Fleurs du mal Spleen et IdĂ©al et Tableaux parisiens. Pour exemple, dans une lettre du 6 fĂ©vrier 1866, il Ă©crit Ă Hippolyte Garnier Le Spleen de Paris, pour faire pendant aux Fleurs du mal », ou encore Le Spleen de Paris poĂ«mes en prose », l'expression PoĂšmes en prose dĂ©signant moins un titre qu'un genre il n'est employĂ© comme titre du vivant de Baudelaire que de 1862 Ă 1863 pour des publications de quelques poĂšmes en prose dans des pĂ©riodiques[2]. Le 7 fĂ©vrier 1864, le journal Le Figaro publia d'ailleurs quatre de ces piĂšces en prose sous le titre Le Spleen de Paris. La Revue de Paris en publia six autres le 25 dĂ©cembre de la mĂȘme annĂ©e. Cependant, depuis la publication posthume des Ćuvres complĂštes, le recueil porte indiffĂ©remment ces deux titres. Le Figaro a choisi d'arrĂȘter son choix sur un des titres proposĂ©s par Baudelaire, mais c'est bien au terme de spleen » qu'il faut surtout prĂȘter attention plus qu'au lieu-dit de Paris. Comme on le voit Ă la lecture du recueil, Paris n'est pas le dĂ©cor principal de l'expĂ©rience poĂ©tique. Cependant, Le Spleen de Paris ne se trompe pas de lieu, le spleen de Baudelaire est bel et bien un mal de vauriens » de Paris, et Baudelaire nous prĂ©sente le diagnostic d'un malaise social liĂ© Ă une ville plus qu'une simple indication cartographique pour situer son Ă©panchement poĂ©tique.[rĂ©f. nĂ©cessaire] Seule la derniĂšre piĂšce du recueil Ăpilogue est en vers. Il est aujourd'hui Ă©tabli que Baudelaire n'avait pas prĂ©vu de l'y inclure[3]. Si l'auteur est libĂ©rĂ© de la contrainte de la rime, il se doit tout de mĂȘme de donner un rythme, une structure proche de la poĂ©sie Ă son Ă©criture, de crainte de tomber dans le rĂ©cit classique.[rĂ©f. nĂ©cessaire] Ă titre d'exemple, la XXXVIIe piĂšce, Les Bienfaits de la lune 1863, propose une symĂ©trie entre deux paragraphes mĂȘmes phrases, mĂȘme structure grammaticale et continuitĂ© dans le deuxiĂšme paragraphe de l'idĂ©e du premier. De mĂȘme, la XLVIIIe piĂšce, Anywhere out of the World[4] 1867, posthume, est construite principalement autour de quatre semi-anaphores, quatre petites phrases basĂ©es sur la mĂȘme idĂ©e, les mĂȘmes mots s'intercalant entre les paragraphes principaux. RĂ©ception Comme le souligne Robert Kopp, jusqu'au milieu des annĂ©es 1960, Baudelaire a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme l'auteur d'un seul livre, Les Fleurs du Mal »[5]. En effet, la condamnation en justice des Fleurs du Mal et leur publication organisĂ©e du vivant de l'auteur ont renforcĂ© l'importance accordĂ©e Ă l'Ćuvre en vers de Baudelaire. Le Spleen de Paris souffre lui trĂšs tĂŽt d'une publication partielle et posthume, qui rĂ©unit les poĂšmes publiĂ©s dans la presse sans concours de l'auteur alors mort. La critique se concentre donc logiquement sur l'Ćuvre versifiĂ©e de Baudelaire au dĂ©but du XXe siĂšcle en mettant l'accent sur le classicisme de Baudelaire dans lequel Cassagne voit un nouveau Racine[6]. Le tournant opĂ©rĂ© dans la critique dans les annĂ©es 1960 continue d'accorder peu d'importance aux poĂšmes en prose et se concentre, dans le sillage de Walter Benjamin, sur l'hĂ©ritage poĂ©tique contrastĂ© que laisse Baudelaire et sur son abondante Ćuvre critique[7]. La premiĂšre monographie consacrĂ©e entiĂšrement aux poĂšmes en prose est publiĂ©e par Steve Murphy en 2003 avec Logiques du dernier Baudelaire. Cette lecture de plusieurs poĂšmes en prose capitaux dans l'Ćuvre baudelairienne est suivie par la parution en 2014 d'une Ă©tude d'Antoine Compagnon centrĂ©e elle aussi sur la prose de Baudelaire[8]. Contenu Ă ArsĂšne Houssaye I. L'Ătranger II. Le DĂ©sespoir de la vieille III. Le Confiteor de l'artiste IV. Un plaisant V. La Chambre double VI. Chacun sa chimĂšre VII. Le Fou et la VĂ©nus VIII. Le Chien et le Flacon IX. Le Mauvais Vitrier X. Ă une heure du matin XI. La Femme sauvage et la Petite-maĂźtresse XII. Les Foules XIII. Les Veuves XIV. Le Vieux Saltimbanque XV. Le GĂąteau XVI. L'Horloge XVII. Un hĂ©misphĂšre dans une chevelure XVIII. L'Invitation au voyage 2e version XIX. Le Joujou du pauvre XX. Les Dons des fĂ©es XXI. Les Tentations ou Eros, Plutus et la Gloire XXII. Le CrĂ©puscule du soir XXIII. La Solitude XXIV. Les Projets XXV. La Belle DorothĂ©e XXVI. Les Yeux des pauvres XXVII. Une mort hĂ©roĂŻque XXVIII. La Fausse Monnaie XXIX. Le Joueur gĂ©nĂ©reux, XXX. La Corde XXXI. Les Vocations XXXII. Le Thyrse XXXIII. Enivrez-vous XXXIV. DĂ©jĂ ! XXXV. Les FenĂȘtres XXXVI. Le DĂ©sir de peindre XXXVII. Les Bienfaits de la lune XXXVIII. Laquelle est la vraie ? XXXIX. Un cheval de race XL. Le Miroir XLI. Le Port XLII. Portraits de maĂźtresses XLIII. Le Galant Tireur XLIV. La Soupe et les Nuages XLV. Le Tir et le CimetiĂšre XLVI. Perte d'aurĂ©ole XLVII. Mademoiselle Bistouri XLVIII. Anywhere out of the World XLIX. Assommons les Pauvres ! L. Les Bons Chiens Ăpilogue Ăditions illustrĂ©es Le Spleen de Paris, seize lithographies originales de MichĂšle Battut, Club du livre, 1988 Le Spleen de Paris, avec des gravures sur cuivre de Paul Hannaux ; Paris, Aux dĂ©pens d'un amateur Impr. La Ruche, 1950 Petits PoĂšmes en prose, illustrations aquarelles de Serge Ivanoff ; Paris, Javal et Bourdeau, 1933 Notes et rĂ©fĂ©rences â a et b Charles Baudelaire, Lettre Ă ArsĂšne Houssaye, Paris, Cl. Pichois, Gallimard, BibliothĂšque de la PlĂ©iade, 1973, p. 208 â Cf. Claude Pichois, notice du Spleen de Paris in Charles Baudelaire, Ćuvres complĂštes, tome 1, Paris, Gallimard, BibliothĂšque de la PlĂ©iade », 1975, p. 1297-1301. â Steve Murphy, Logiques du dernier Baudelaire, p. 35. â N'importe oĂč hors du monde ». â Robert Kopp, Une prose longtemps nĂ©gligĂ©e », Le Magazine LittĂ©raire, no 548,â octobre 2014, p. 82 â Cassagne, Versification et mĂ©trique de Charles Baudelaire, 1906 â Robert Kopp, Une prose longtemps nĂ©gligĂ©e », Le Magazine LittĂ©raire, no 548,â octobre 2014 â Antoine Compagnon, Baudelaire, l'irrĂ©ductible, Flammarion, 2014 Voir aussi Bibliographie Barbara Johnson, DĂ©figurations du langage poĂ©tique. La Seconde RĂ©volution baudelairienne, Flammarion, Paris, 1979 Dolf Oehler, Le Spleen contre l'oubli. Juin 1848, Payot, coll. Critique de la politique », Paris, 1996 Patrick Labarthe, Baudelaire Le Spleen de Paris, Gallimard, coll. FoliothĂšque », Paris, 2000 Steve Murphy, Logiques du dernier Baudelaire, Champion, coll. Essais », Paris, 2007 Antoine Compagnon, Baudelaire, l'irrĂ©ductible, Flammarion, 2014 En 2012-2013, Antoine Compagnon, professeur au CollĂšge de France, a dĂ©diĂ© sa leçon annuelle Ă l'Ă©tude des poĂšmes en prose de Baudelaire. Le Magazine LittĂ©raire, en octobre 2014, dĂ©die son dossier spĂ©cial au dernier Baudelaire » et publie de nombreuses contributions qui ont trait Ă la redĂ©couverte du Spleen de Paris. Violaine Boneu, Sandrine BĂ©douret-Larraburu, Baudelaire Le Spleen de Paris, Neuilly, Atlande, coll. ClĂ©s concours Lettres XIXe siĂšcle, 2014 Lien externe Sur Charles Baudelaire Chronologie des poĂšmes Mises en musique Spleen baudelairien Ćuvres majeures Les Fleurs du mal Les Paradis artificiels Le Peintre de la vie moderne Le Spleen de Paris PoĂšmes Les Fleurs du mal Ă une dame crĂ©ole Ă une mendiante rousse Ă une Passante L'Albatros L'Amour du mensonge Les Aveugles Les Bijoux Correspondances Le CrĂ©puscule du matin Le CrĂ©puscule du soir Le Cygne Danse macabre Don Juan aux enfers ĂlĂ©vation L'idĂ©al L'Ennemi La GĂ©ante L'HĂ©autontimoroumĂ©nos L'Horloge L'Invitation au voyage Le Jeu L'Homme et la Mer La BeautĂ© Les Litanies de Satan Parfum exotique Paysage Les Petites Vieilles Le Poison RĂȘve parisien Les Sept Vieillards Le Serpent qui danse Le Soleil Le Squelette laboureur Une charogne Le Spleen de Paris Assommons les Pauvres ! La Belle DorothĂ©e Les Bienfaits de la lune Le Confiteor de l'artiste Le DĂ©sespoir de la vieille DĂ©jĂ ! Le DĂ©sir de peindre Enivrez-vous L'Ătranger La Fausse Monnaie Les FenĂȘtres Les Foules Le Galant Tireur L'Horloge Le Joueur gĂ©nĂ©reux Le Joujou du pauvre Le Miroir Le Port La Solitude Un cheval de race Un hĂ©misphĂšre dans une chevelure Un plaisant PersonnalitĂ©s liĂ©es Caroline Aupick mĂšre Joseph-François Baudelaire pĂšre Jacques Aupick beau-pĂšre Jean Wallon ami Jeanne Duval muse, maĂźtresse Ernest Pinard dĂ©tracteur LĂ©o FerrĂ© admirateur voir les albums Les Fleurs du mal, LĂ©o FerrĂ© chante Baudelaire et Les Fleurs du mal suite et fin JĂ©rĂŽme ThĂ©lot spĂ©cialiste Articles liĂ©s La ModernitĂ© Ăloge du maquillage ReprĂ©sentation de la femme dans Les Fleurs du mal Lola de Valence CĂ©notaphe de Baudelaire DerniĂšre mise Ă jour de cette page le 29/03/2022.
Le Spleen de Paris Repris en 1864 sous le titre Petits poĂšmes en prose retour Ă l'accueil de l'oeuvre retour au choix de l'oeuvre DĂ©finition Taille du texte 1 2 3 TĂ©lĂ©charger cette oeuvre Je voyageais. Le paysage au milieu duquel j'Ă©tais placĂ© Ă©tait d'une grandeur et d'une noblesse irrĂ©sistibles. Il en passa sans doute en ce moment quelque chose dans mon Ăąme. Mes pensĂ©es voltigeaient avec une lĂ©gĂšretĂ© Ă©gale Ă celle de l'atmosphĂšre; les passions vulgaires, telles que la haine et l'amour profane, m'apparaissaient maintenant aussi Ă©loignĂ©es que les nuĂ©es qui dĂ©filaient au fond des abĂźmes sous mes pieds; mon Ăąme me semblait aussi vaste et aussi pure que la coupole du ciel dont j'Ă©tais enveloppĂ©; le souvenir des choses terrestres n'arrivait Ă mon coeur qu'affaibli et diminuĂ©, comme le son de la clochette des bestiaux imperceptibles qui paissaient loin, bien loin, sur le versant d'une autre montagne. Sur le petit lac immobile, noir de son immense profondeur, passait quelquefois l'ombre d'un nuage, comme le reflet du manteau d'un gĂ©ant aĂ©rien volant Ă travers le ciel. Et je me souviens que cette sensation solennelle et rare, causĂ©e par un grand mouvement parfaitement silencieux, me remplissait d'une joie mĂȘlĂ©e de peur. Bref, je me sentais, grĂące Ă l'enthousiasmante beautĂ© dont j'Ă©tais environnĂ©, en parfaite paix avec moi-mĂȘme et avec l'univers; je crois mĂȘme que, dans ma parfaite bĂ©atitude et dans mon total oubli de tout le mal terrestre, j'en Ă©tais venu Ă ne plus trouver si ridicules les journaux qui prĂ©tendent que l'homme est nĂ© bon; - quand la matiĂšre incurable renouvelant ses exigences, je songeai Ă rĂ©parer la fatigue et Ă soulager l'appĂ©tit causĂ©s par une si longue ascension. Je tirai de ma poche un gros morceau de pain, une tasse de cuir et un flacon d'un certain Ă©lixir que les pharmaciens vendaient dans ce temps-lĂ aux touristes pour le mĂȘler dans l'occasion avec de l'eau de neige. Je dĂ©coupais tranquillement mon pain, quand un bruit trĂšs lĂ©ger me fit lever les yeux. Devant moi se tenait un petit ĂȘtre dĂ©guenillĂ©, noir, Ă©bouriffĂ©, dont les yeux creux, farouches et comme suppliants, dĂ©voraient le morceau de pain. Et je l'entendis soupirer, d'une voix basse et rauque, le mot gĂąteau! Je ne pus m'empĂȘcher de rire en entendant l'appellation dont il voulait bien honorer mon pain presque blanc, et j'en coupai pour lui une belle tranche que je lui offris. Lentement il se rapprocha, ne quittant pas des yeux l'objet de sa convoitise; puis, happant le morceau avec sa main, se recula vivement, comme s'il eĂ»t craint que mon offre ne fĂ»t pas sincĂšre ou que je m'en repentisse dĂ©jĂ . Mais au mĂȘme instant il fut culbutĂ© par un autre petit sauvage, sorti je ne sais d'oĂč, et si parfaitement semblable au premier qu'on aurait pu le prendre pour son frĂšre jumeau. Ensemble ils roulĂšrent sur le sol, se disputant la prĂ©cieuse proie, aucun n'en voulant sans doute sacrifier la moitiĂ© pour son frĂšre. Le premier, exaspĂ©rĂ©, empoigna le second par les cheveux; celui-ci lui saisit l'oreille avec les dents, et en cracha un petit morceau sanglant avec un superbe juron patois. Le lĂ©gitime propriĂ©taire du gĂąteau essaya d'enfoncer ses petites griffes dans les yeux de l'usurpateur; Ă son tour celui-ci appliqua toutes ses forces Ă Ă©trangler son adversaire d'une main, pendant que de l'autre il tĂąchait de glisser dans sa poche le prix du combat. Mais, ravivĂ© par le dĂ©sespoir, le vaincu se redressa et fit rouler le vainqueur par terre d'un coup de tĂȘte dans l'estomac. A quoi bon dĂ©crire une lutte hideuse qui dura en vĂ©ritĂ© plus longtemps que leurs forces enfantines ne semblaient le promettre? Le gĂąteau voyageait de main en main et changeait de poche Ă chaque instant; mais, hĂ©las! il changeait aussi de volume; et lorsque enfin, extĂ©nuĂ©s, haletants, sanglants, ils s'arrĂȘtĂšrent par impossibilitĂ© de continuer, il n'y avait plus, Ă vrai dire, aucun sujet de bataille; le morceau de pain avait disparu, et il Ă©tait Ă©parpillĂ© en miettes semblables aux grains de sable auxquels il Ă©tait mĂȘlĂ©. Ce spectacle m'avait embrumĂ© le paysage, et la joie calme oĂč s'Ă©baudissait mon Ăąme avant d'avoir vu ces petits hommes avait totalement disparu; j'en restai triste assez longtemps, me rĂ©pĂ©tant sans cesse "Il y a donc un pays superbe oĂč le pain s'appelle du gĂąteau, friandise si rare qu'elle suffit pour engendrer une guerre parfaitement fratricide!" La poĂ©sie n'a pas d'autre but qu'elle-mĂȘme. - La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il n'existe pas. - Mais qu'importe l'Ă©ternitĂ© de la damnation Ă qui a trouvĂ© dans une seconde l'infini de la jouissance ! - La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il n'existe pas. - Il n'existe que trois ĂȘtres respectables le prĂȘtre, le guerrier, le poĂšte. Savoir, tuer et crĂ©er. - Il n'est pas de plaisir plus doux que de surprendre un homme en lui donnant plus qu'il n'espĂšre. - Il y a dans l'acte de l'amour une grande ressemblance avec la torture ou avec une opĂ©ration chirurgicale. - Ce qui est créé par l'esprit est plus vivant que la matiĂšre. - Manier savamment une langue, c'est pratiquer une espĂšce de sorcellerie Ă©vocatoire. - Donnez moi la force et le courage de contempler mon cĆur et mon corps sans dĂ©goĂ»t. - Pourquoi les dĂ©mocrates n'aiment pas les chats, il est facile de le deviner. Le chat est beau; il rĂ©vĂšle des idĂ©es de luxe, de propretĂ©, de voluptĂ©, Salon de 1845 Le Salon de 1846 Le Salon de 1859 La Fanfarlo Les Fleurs du mal, premiĂšre Ă©dition 1857 Les Fleurs du mal, seconde Ă©dition 1861 Le Spleen de Paris Mon coeur mis Ă nu Les Paradis artificiels Comment on paie ses dettes quand on a du gĂ©nie Conseils aux jeunes littĂ©rateurs Les Drames et les romans honnĂȘtes Peintres et aquafortistes Morale du joujou Madame Bovary par Gustave Flaubert Du Vin et du Haschisch FusĂ©es Le musĂ©e classique du bazar Bonne-Nouvelle Exposition universelle Les MisĂ©rables par Victor Hugo Richard Wagner et TannhĂ€user Ă Paris Le peintre de la vie moderne Choix de maximes consolantes sur l'amour L'Ă©cole paĂŻenne Les fleurs du mal, fleurs maladives, la fleur du mal, fleurs du mal de Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal Le Spleen de Paris, Les Petits poĂšmes en prose,poĂ©sie en prose, recueil majeur. Le Spleen de Paris e-coursier, envoi de fichiers volumineux "Faut-il qu'un homme soit tombĂ© bas pour se croire heureux."
LumiĂšre sur⊠/ Lâunivers des livres âș vous ĂȘtes ici LumiĂšre sur⊠/ Lâunivers des livresLe Spleen de Parisâ Charles Baudelaire âSommaire Introduction Sortir de la poĂ©sie Une poĂ©tique renouvelĂ©e Le poĂšme en prose une expĂ©rience limite PrĂ©face / DĂ©dicace du Spleen de Paris đœ 15 citations choisies de Charles Baudelaire IntroductionLe Spleen de Paris est un recueil de poĂšmes de Charles Baudelaire, publiĂ© Ă titre posthume en 1869 sous le titre Petits PoĂšmes en prose. Il a Ă©tĂ© publiĂ© dans le quatriĂšme volume des Ćuvres complĂštes de Baudelaire par lâĂ©diteur Michel de la poĂ©sieCharles Baudelaire â Le Spleen de Paris 1929, une aquarelle dâĂdith Follet 1899-1990.Baudelaire en commence la rĂ©daction en juillet 1857, au lendemain de la publication des Fleurs du mal. Il aurait voulu composer cent poĂšmes en prose, autant quâil y a de poĂšmes en vers dans les Fleurs du mal, mais lâĆuvre est inachevĂ©e et ne comportera que cinquante piĂšces. Le titre le Spleen de Paris, choisi par Baudelaire lui-mĂȘme aprĂšs beaucoup dâhĂ©sitations il envisage successivement PoĂšmes nocturnes, le Promeneur solitaire, le RĂŽdeur parisien, constitue une allusion Ă©vidente Ă la section Spleen et IdĂ©al » des Fleurs du mal ; il suggĂšre la continuitĂ© et la divergence entre les deux ouvrages. Certains poĂšmes en prose sont des transpositions Ă©videntes de poĂšmes en vers antĂ©rieurs lâInvitation au voyage ». Pour la plupart, ils se prĂ©sentent comme de brĂšves nouvelles inspirĂ©es dâun fait divers la Corde », des choses vues », saynĂštes ou portraits Un plaisant », des rĂ©cits allĂ©goriques situĂ©s hors du temps le Joujou du pauvre », des fictions fantastiques Chacun sa chimĂšre » ou des rĂȘveries lâĂtranger ». LâĆuvre se veut Ă©clatĂ©e, disparate et dĂ©pourvue de toute architecture concertĂ©e chaque texte se suffit Ă lui-mĂȘme ; il est Ă lire au grĂ© du poĂ©tique renouvelĂ©eOn y retrouve bien sĂ»r les grands thĂšmes des Fleurs du mal, mais exprimĂ©s souvent sur un mode plus grinçant Assommons les pauvres », plus exacerbĂ©, voire plus hystĂ©rique le Mauvais Vitrier » sâachĂšve dans une vĂ©ritable crise nerveuse.NĂ© sous le signe du pĂ©chĂ© originel et de la perversitĂ© naturelle le GĂąteau », lâhomme Ă©crasĂ© par le temps est condamnĂ© au spleen la Chambre double ». Il essaie de le fuir par les rĂȘves dâailleurs le Port », le recours aux paradis artificiels Enivrez-vous » et lâultime voyage que constitue la mort Any Where out of the World ». Les rapports avec les femmes, marquĂ©s par lâincomprĂ©hension rĂ©ciproque Portraits de maĂźtresses » se limitent Ă un Ă©rotisme fortement teintĂ© de sadisme le Galant Tireur ». Lâartiste, prĂ©sentĂ© sous les traits du bouffon ou du saltimbanque Une mort hĂ©roĂŻque » doit supporter lâindiffĂ©rence de ses contemporains et continuer Ă crĂ©er dans la souffrance le Fou et la VĂ©nus », puisque lâĆuvre dâart constitue sa seule justification et sa seule chance de rachat Ă une heure du matin ». Mais la thĂ©matique urbaine, limitĂ©e aux Tableaux parisiens » dans les Fleurs du mal, est ici omniprĂ©sente. La ville apparaĂźt comme lâespace mĂȘme de la modernitĂ©, avec ses ouvriers en blouse, ses fiacres, ses chiens crottĂ©s, son Ă©clairage au gaz et son macadam. Elle est un ĂȘtre vivant accordĂ© Ă lâĂąme du poĂšte par une Ă©vidente correspondance. Il y erre en tĂ©moin curieux, perdu dans la foule et fascinĂ© par le spectacle insolite de la rue. Câest dâailleurs Ă la frĂ©quentation des villes Ă©normes », univers chaotique oĂč le monstrueux sâinsinue dans le quotidien familier, que le poĂšte attribue dans sa dĂ©dicace Ă ArsĂšne Houssaye le renouvellement de sa poĂšme en prose une expĂ©rience limiteBaudelaire dit sâĂȘtre inspirĂ© dâAloysius Bertrand qui, avec Gaspard de la nuit 1842, a fait entrer le poĂšme en prose dans la littĂ©rature. Mais il ne faut pas surestimer cette influence si, comme son modĂšle, il donne bien la primautĂ© Ă lâimage, il ne cisĂšle pas la prose en refrains et en couplets et son inspiration est aux antipodes du pittoresque prĂ©cisĂ©ment au nom de la modernitĂ© que Baudelaire abandonne le vers traditionnel, dont les contraintes lui paraissent dĂ©sormais artificielles et limitent son inspiration. Il lui faut une forme plus libre, susceptible de rendre compte de toutes les facettes de son tempĂ©rament, qui convienne Ă la pente philosophique et moraliste comme Ă la veine lyrique. Il lui faut aussi inventer un langage pour exprimer tous les aspects de lâexistence sur une multitude de tons lâironie sarcastique, lâhumour noir, la cruautĂ© et la trivialitĂ© de la vie moderne sont peu compatibles avec les traditions, et de toute façon, avec les contraintes de lâĆuvre en vers. Dans sa dĂ©dicace, Baudelaire dĂ©finit son idĂ©al comme une prose poĂ©tique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtĂ©e pour sâadapter aux mouvements lyriques de lâĂąme, aux ondulations de la rĂȘverie, aux soubresauts de la conscience ». â Lire la dĂ©dicace adressĂ©e Ă ArsĂšne le genre mĂȘme du poĂšme en prose est mal dĂ©fini et Baudelaire nâa cessĂ© dâexprimer les difficultĂ©s quâil Ă©prouve Ă sâaventurer dans une expĂ©rience qui lâeffraie par sa nouveautĂ© et sa licence mĂȘme. LâĆuvre, plus de dix ans sur le mĂ©tier, ne sera jamais terminĂ©e, mĂȘme si comme en tĂ©moigne sa correspondance lâartiste Ă©puisĂ© y travaille douloureusement jusquâĂ ses derniers jours, toujours déçu et insatisfait. Peut-ĂȘtre, comme le soulignent souvent les commentateurs, Baudelaire nâa-t-il pas, encore trop prisonnier de lâĂ©criture antĂ©rieure des Fleurs du mal, su tirer de la prose tout le parti possible. Avec le Spleen de Paris il ouvre cependant la voie Ă Rimbaud, Ă LautrĂ©amont et aux / DĂ©dicace du Spleen de ParisĂArsĂšne HoussayeMon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, quâil nâa ni queue ni tĂȘte, puisque tout, au contraire, y est Ă la fois tĂȘte et queue, alternativement et rĂ©ciproquement. ConsidĂ©rez, je vous prie, quelles admirables commoditĂ©s cette combinaison nous offre Ă tous, Ă vous, Ă moi et au lecteur. Nous pouvons couper oĂč nous voulons, moi ma rĂȘverie, vous le manuscrit, le lecteur sa lecture; car je ne suspends pas la volontĂ© rĂ©tive de celui-ci au fil interminable dâune intrigue superflue. Enlevez une vertĂšbre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux fragments, et vous verrez que chacun peut exister Ă part. Dans lâespĂ©rance que quelques-uns de ces tronçons seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, jâose vous dĂ©dier le serpent tout une petite confession Ă vous faire. Câest en feuilletant, pour la vingtiĂšme fois au moins, le fameux Gaspard de la Nuit, dâAloysius Bertrand un livre connu de vous, de moi et de quelques-uns de nos amis, nâa-t-il pas tous les droits Ă ĂȘtre appelĂ© fameux ? que lâidĂ©e mâest venue de tenter quelque chose dâanalogue, et dâappliquer Ă la description de la vie moderne, ou plutĂŽt dâune vie moderne et plus abstraite, le procĂ©dĂ© quâil avait appliquĂ© Ă la peinture de la vie ancienne, si Ă©trangement est celui de nous qui nâa pas, dans ses jours dâambition, rĂȘvĂ© le miracle dâune prose poĂ©tique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtĂ©e pour sâadapter aux mouvements lyriques de lâĂąme, aux ondulations de la rĂȘverie, aux soubresauts de la conscience ?Câest surtout de la frĂ©quentation des villes Ă©normes, câest du croisement de leurs innombrables rapports que naĂźt cet idĂ©al obsĂ©dant. Vous-mĂȘme, mon cher ami, nâavez-vous pas tentĂ© de traduire en une chanson le cri strident du Vitrier, et dâexprimer dans une prose lyrique toutes les dĂ©solantes suggestions que ce cri envoie jusquâaux mansardes, Ă travers les plus hautes brumes de la rue ?Mais, pour dire le vrai, je crains que ma jalousie ne mâait pas portĂ© bonheur. SitĂŽt que jâeus commencĂ© le travail, je mâaperçus que non seulement je restais bien loin de mon mystĂ©rieux et brillant modĂšle, mais encore que Je faisais quelque chose si cela peut sâappeler quelque chose de singuliĂšrement diffĂ©rent, accident dont tout autre que moi sâenorgueillirait sans doute, mais qui ne peut quâhumilier profondĂ©ment un esprit qui regarde comme le plus grand honneur du poĂšte dâaccomplir juste ce quâil a projetĂ© de bien affectionnĂ©, C. B.đœ 15 citations choisies de Charles BaudelaireArticles connexes Biographie de Charles Baudelaire. Charles Baudelaire Les Fleurs du mal. Le Symbolisme. â Le SurrĂ©alisme. La poĂ©sie repĂšres historiques. Le genre poĂ©tique. La versification. Genre littĂ©raire la poĂ©sie. Les genres littĂ©raires. Autres pages liĂ©es Le sonnet. â Lâode. â La ballade. â Le rondeau. â Lâ de livresâŠRecherche sur le site
Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Le GĂąteau. XV LE GĂTEAU Je voyageais. Le paysage au milieu duquel jâĂ©tais placĂ© Ă©tait dâune grandeur et dâune noblesse irrĂ©sistibles. Il en passa sans doute en ce moment quelque chose dans mon Ăąme. Mes pensĂ©es voltigeaient avec une lĂ©gĂšretĂ© Ă©gale Ă celle de lâatmosphĂšre ; les passions vulgaires, telles que la haine et lâamour profane, mâapparaissaient maintenant aussi Ă©loignĂ©es que les nuĂ©es qui dĂ©filaient au fond des abĂźmes sous mes pieds ; mon Ăąme me semblait aussi vaste et aussi pure que la coupole du ciel dont jâĂ©tais enveloppĂ© ; le souvenir des choses terrestres nâarrivait Ă mon cĆur quâaffaibli et diminuĂ©, comme le son de la clochette des bestiaux imperceptibles qui paissaient loin, bien loin, sur le versant dâune autre montagne. Sur le petit lac immobile, noir de son immense profondeur, passait quelquefois lâombre dâun nuage, comme le reflet du manteau dâun gĂ©ant aĂ©rien volant Ă travers le ciel. Et je me souviens que cette sensation solennelle et rare, causĂ©e par un grand mouvement parfaitement silencieux, me remplissait dâune joie mĂȘlĂ©e de peur. Bref, je me sentais, grĂące Ă lâenthousiasmante beautĂ© dont jâĂ©tais environnĂ©, en parfaite paix avec moi-mĂȘme et avec lâunivers ; je crois mĂȘme que, dans ma parfaite bĂ©atitude et dans mon total oubli de tout le mal terrestre, jâen Ă©tais venu Ă ne plus trouver si ridicules les journaux qui prĂ©tendent que lâhomme est nĂ© bon ; â quand la matiĂšre incurable renouvelant ses exigences, je songeai Ă rĂ©parer la fatigue et Ă soulager lâappĂ©tit causĂ©s par une si longue ascension. Je tirai de ma poche un gros morceau de pain, une tasse de cuir et un flacon dâun certain Ă©lixir que les pharmaciens vendaient dans ce temps-lĂ aux touristes pour le mĂȘler dans lâoccasion avec de lâeau de neige. Je dĂ©coupais tranquillement mon pain, quand un bruit trĂšs-lĂ©ger me fit lever les yeux. Devant moi se tenait un petit ĂȘtre dĂ©guenillĂ©, noir, Ă©bouriffĂ©, dont les yeux creux, farouches et comme suppliants, dĂ©voraient le morceau de pain. Et je lâentendis soupirer, dâune voix basse et rauque, le mot gĂąteau ! Je ne pus mâempĂȘcher de rire en entendant lâappellation dont il voulait bien honorer mon pain presque blanc, et jâen coupai pour lui une belle tranche que je lui offris. Lentement il se rapprocha, ne quittant pas des yeux lâobjet de sa convoitise ; puis, happant le morceau avec sa main, se recula vivement, comme sâil eĂ»t craint que mon offre ne fĂ»t pas sincĂšre ou que je mâen repentisse dĂ©jĂ . Mais au mĂȘme instant il fut culbutĂ© par un autre petit sauvage, sorti je ne sais dâoĂč, et si parfaitement semblable au premier quâon aurait pu le prendre pour son frĂšre jumeau. Ensemble ils roulĂšrent sur le sol, se disputant la prĂ©cieuse proie, aucun nâen voulant sans doute sacrifier la moitiĂ© pour son frĂšre. Le premier, exaspĂ©rĂ©, empoigna le second par les cheveux ; celui-ci lui saisit lâoreille avec les dents, et en cracha un petit morceau sanglant avec un superbe juron patois. Le lĂ©gitime propriĂ©taire du gĂąteau essaya dâenfoncer ses petites griffes dans les yeux de lâusurpateur ; Ă son tour celui-ci appliqua toutes ses forces Ă Ă©trangler son adversaire dâune main, pendant que de lâautre il tĂąchait de glisser dans sa poche le prix du combat. Mais, ravivĂ© par le dĂ©sespoir, le vaincu se redressa et fit rouler le vainqueur par terre dâun coup de tĂȘte dans lâestomac. Ă quoi bon dĂ©crire une lutte hideuse qui dura en vĂ©ritĂ© plus longtemps que leurs forces enfantines ne semblaient le promettre ? Le gĂąteau voyageait de main en main et changeait de poche Ă chaque instant ; mais, hĂ©las ! il changeait aussi de volume ; et lorsque enfin, extĂ©nuĂ©s, haletants, sanglants, ils sâarrĂȘtĂšrent par impossibilitĂ© de continuer, il nây avait plus, Ă vrai dire, aucun sujet de bataille ; le morceau de pain avait disparu, et il Ă©tait Ă©parpillĂ© en miettes semblables aux grains de sable auxquels il Ă©tait mĂȘlĂ©. Ce spectacle mâavait embrumĂ© le paysage, et la joie calme oĂč sâĂ©baudissait mon Ăąme avant dâavoir vu ces petits hommes avait totalement disparu ; jâen restai triste assez longtemps, me rĂ©pĂ©tant sans cesse Il y a donc un pays superbe oĂč le pain sâappelle du gĂąteau, friandise si rare quâelle suffit pour engendrer une guerre parfaitement fratricide ! »
TITRE Le spleen de Paris AUTEURS Charles Baudelaire ĂDITEUR Ă Limoges, Ă©ditions littĂ©rature â histoire â science sous la direction de Marcel Huot-Sordot ANNĂE 1945 FORMAT 19 cm x 24 cm NOMBRE DE TOMES 1 NOMBRE DE PAGES 150 ILLUSTRATIONS oui, 6 illustrations en noir hors-texte protĂ©gĂ©es par serpente de Pierre Thomas RELIURE brochĂ© JAQUETTE oui, rempliĂ©e et recouverte dâun papier cristal SIGNET non RHODOĂD non PARTICULARITĂS tirage Ă 750 exemplaires 250 sur Hollande crĂšme des papeteries de Rives numĂ©rotĂ©s de 1 Ă 250 ; 500 sur VĂ©lin blanc numĂ©rotĂ©s de 251 Ă 750 ; exemplaires n° 335 ĂTAT bon Ă©tat, le papier cristal a quelques manques, ouvrage bien solide pouvant ĂȘtre manipulĂ© sans crainte. THĂMES livres anciens, livres illustrĂ©s, Ă©dition numĂ©rotĂ©e, poĂ©sie, littĂ©rature SUR LE LIVRELe titre complet est Le spleen de Paris Petits poĂšmes en prose Le Spleen de Paris est un recueil de poĂšmes de Charles Baudelaire, publiĂ© Ă titre posthume en 1869 sous le titre Petits PoĂšmes en prose. Baudelaire en commence la rĂ©daction en juillet 1857, au lendemain de la publication des Fleurs du mal. Il aurait voulu composer cent poĂšmes en prose, autant quâil y a de poĂšmes en vers dans les Fleurs du mal, mais lâĆuvre est inachevĂ©e et ne comportera que cinquante piĂšces. Le titre le Spleen de Paris, choisi par Baudelaire lui-mĂȘme aprĂšs beaucoup dâhĂ©sitations il envisage successivement PoĂšmes nocturnes, le Promeneur solitaire, le RĂŽdeur parisien, constitue une allusion Ă©vidente Ă la section Spleen et IdĂ©al » des Fleurs du mal ; il suggĂšre la continuitĂ© et la divergence entre les deux ouvrages. Certains poĂšmes en prose sont des transpositions Ă©videntes de poĂšmes en vers antĂ©rieurs lâInvitation au voyage ». Pour la plupart, ils se prĂ©sentent comme de brĂšves nouvelles inspirĂ©es dâun fait divers la Corde », des choses vues », saynĂštes ou portraits Un plaisant », des rĂ©cits allĂ©goriques situĂ©s hors du temps le Joujou du pauvre », des fictions fantastiques Chacun sa chimĂšre » ou des rĂȘveries lâĂtranger ». LâĆuvre se veut Ă©clatĂ©e, disparate et dĂ©pourvue de toute architecture concertĂ©e chaque texte se suffit Ă lui-mĂȘme ; il est Ă lire au grĂ© du moment. On y retrouve bien sĂ»r les grands thĂšmes des Fleurs du mal, mais exprimĂ©s souvent sur un mode plus grinçant Assommons les pauvres », plus exacerbĂ©, voire plus hystĂ©rique le Mauvais Vitrier » sâachĂšve dans une vĂ©ritable crise nerveuse. NĂ© sous le signe du pĂ©chĂ© originel et de la perversitĂ© naturelle le GĂąteau », lâhomme Ă©crasĂ© par le temps est condamnĂ© au spleen la Chambre double ». Il essaie de le fuir par les rĂȘves dâailleurs le Port », le recours aux paradis artificiels Enivrez-vous » et lâultime voyage que constitue la mort Any Where out of the World ». Les rapports avec les femmes, marquĂ©s par lâincomprĂ©hension rĂ©ciproque Portraits de maĂźtresses » se limitent Ă un Ă©rotisme fortement teintĂ© de sadisme le Galant Tireur ». Lâartiste, prĂ©sentĂ© sous les traits du bouffon ou du saltimbanque Une mort hĂ©roĂŻque » doit supporter lâindiffĂ©rence de ses contemporains et continuer Ă crĂ©er dans la souffrance le Fou et la VĂ©nus », puisque lâĆuvre dâart constitue sa seule justification et sa seule chance de rachat Ă une heure du matin ». Mais la thĂ©matique urbaine, limitĂ©e aux Tableaux parisiens » dans les Fleurs du mal, est ici omniprĂ©sente. La ville apparaĂźt comme lâespace mĂȘme de la modernitĂ©, avec ses ouvriers en blouse, ses fiacres, ses chiens crottĂ©s, son Ă©clairage au gaz et son macadam. Elle est un ĂȘtre vivant accordĂ© Ă lâĂąme du poĂšte par une Ă©vidente correspondance. Il y erre en tĂ©moin curieux, perdu dans la foule et fascinĂ© par le spectacle insolite de la rue. Câest dâailleurs Ă la frĂ©quentation des villes Ă©normes », univers chaotique oĂč le monstrueux sâinsinue dans le quotidien familier, que le poĂšte attribue dans sa dĂ©dicace Ă ArsĂšne Houssaye le renouvellement de sa poĂ©tique. Baudelaire dit sâĂȘtre inspirĂ© dâAloysius Bertrand qui, avec Gaspard de la nuit 1842, a fait entrer le poĂšme en prose dans la littĂ©rature. Mais il ne faut pas surestimer cette influence si, comme son modĂšle, il donne bien la primautĂ© Ă lâimage, il ne cisĂšle pas la prose en refrains et en couplets et son inspiration est aux antipodes du pittoresque moyenĂągeux. Câest prĂ©cisĂ©ment au nom de la modernitĂ© que Baudelaire abandonne le vers traditionnel, dont les contraintes lui paraissent dĂ©sormais artificielles et limitent son inspiration. Il lui faut une forme plus libre, susceptible de rendre compte de toutes les facettes de son tempĂ©rament, qui convienne Ă la pente philosophique et moraliste comme Ă la veine lyrique. Il lui faut aussi inventer un langage pour exprimer tous les aspects de lâexistence sur une multitude de tons lâironie sarcastique, lâhumour noir, la cruautĂ© et la trivialitĂ© de la vie moderne sont peu compatibles avec les traditions, et de toute façon, avec les contraintes de lâĆuvre en vers. Dans sa dĂ©dicace, Baudelaire dĂ©finit son idĂ©al comme une prose poĂ©tique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtĂ©e pour sâadapter aux mouvements lyriques de lâĂąme, aux ondulations de la rĂȘverie, aux soubresauts de la conscience ». Mais le genre mĂȘme du poĂšme en prose est mal dĂ©fini et Baudelaire nâa cessĂ© dâexprimer les difficultĂ©s quâil Ă©prouve Ă sâaventurer dans une expĂ©rience qui lâeffraie par sa nouveautĂ© et sa licence mĂȘme. LâĆuvre, plus de dix ans sur le mĂ©tier, ne sera jamais terminĂ©e, mĂȘme si comme en tĂ©moigne sa correspondance lâartiste Ă©puisĂ© y travaille douloureusement jusquâĂ ses derniers jours, toujours déçu et insatisfait. Peut-ĂȘtre, comme le soulignent souvent les commentateurs, Baudelaire nâa-t-il pas, encore trop prisonnier de lâĂ©criture antĂ©rieure des Fleurs du mal, su tirer de la prose tout le parti possible. Avec le Spleen de Paris il ouvre cependant la voie Ă Rimbaud, Ă LautrĂ©amont et aux surrĂ©alistes.
le gĂąteau le spleen de paris charles baudelaire